Par Nico Flow
Voilà plus d’un an qu’on parle de ce virus, plus d’un an que nous vivons plus dans la peur, d’être contaminé, qu’un proche le soit, qu’un proche d’un proche le soit. D’ailleurs est-ce qu’on se préoccupe d’eux, ou est-ce la crainte qu’ils nous le refilent (aient refilés) ?
Je ne suis pas trop l’actualité mais j’ai cru comprendre que ce maudit virus s’était complexifié, repropagé, et recomplexifié, oh malheur, miséricorde … mais toute la vie repose sur ce principe !
Je ne suis pas scientifique, ni médecin, ni philosophe, ni croyant. J’observe, comme chacun en est capable depuis sa naissance : mon environnement, mes proches et leurs manières de vivre, j’écoute les paroles qui m’entourent, regarde les choses vivantes autant que les passives, je suis attentif à ceux et celles qui subissent, ceux et celles qui détruisent, ceux qui croient bien faire et ceux qui font bien sans bien croire. Mais surtout, le jour où il me semblait en avoir vu assez, et que cela me semblait bien insuffisant pour être La Vie, j’ai pris mon sac à dos et je suis parti à la rencontre du monde : C’est là que j’ai muté !
C’est ensuite que j’ai souhaité faire mon propre rapport de mutation, que vous pouvez voir sur ce lien : https://youtu.be/m6OJvK6k8rA
Je ne recommanderai pourtant à personne de faire exactement comme moi, se remettre en question tous les jours est très perturbant, mais aussi très libérateur. Ce que nous croyons savoir du monde, de la vie, est si petit ! Et le peu que nous savons nous n’en appliquons rien dans nos vies.
Ayant muté, je comprends dorénavant les mutants : les psychotiques, les fous internés, les vieux cons, les extrémistes, les perchés de toutes sortes, les dépravés, les autistes, les aspergers, etc … disons tout ce qui empêche cette société anti-nature de tourner à plein régime ! Enfin, j’inclue aussi ceux qui me touchent le plus, et pas les mieux compris : les enfants. Oui, si les enfants font partie de la machine capitaliste, c’est pour les cadeaux qu’ils demandent et qu’on leur achète. Mais laissez les enfants organiser leur vie comme ils le souhaitent et ils n’en auront surement guère l’envie. Le cadeau remplissant je crois un rôle affectif dont toute la population manque et qui est devenu une triste norme.
Pourquoi muter donc ? Toute la flore et la faune du monde (et de l’univers) mute constamment en fonction de son environnement, c’est ce qui a rendu le chien domestique (adaptation à la vie avec l’homme), les chrysomèles résistantes aux insecticides (adaptation au parasite), ce qui a permis à l’homme de se redresser sur ses deux jambes (disparition des forêts), cela doit valoir aussi pour nous. Mais cette croyance selon laquelle l’homme doit être au-dessus de LA nature, et au-dessus de SA nature (prétendre organiser ses émotions pour survivre dans notre société si anxiogène est un leurre… voir note 2) ne change pas.
Nos fonctions mentales (remises en question, ouvertures à de nouvelles idées) semblent muter beaucoup trop lentement !
Je crois d’ailleurs que nous avons fait fausse route en comprenant que nous devions, selon la Bible, dominer la nature : « dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre ». Je pense qu’ils entendaient à l’époque (il y a peut-être 10 000 ans) : « Profitez de la vie (YOLO), on est enfin clairement le sommet de la chaine alimentaire après des millions d’années de préhistoire et de galères, kiffez la planète et soyez en les souverains ». Souverains est je crois une meilleure interprétation : utiliser la nature d’accord, mais sans oublier que nous vivons avec et que nous en sommes les responsables, comme un roi est responsable de son peuple ! Je veux croire que c’était très sensé à l’époque, mais le contexte a clairement changé, et même du temps de Jésus cette vérité biblique était selon moi déjà has been ! Pensez aux sagesses amérindiennes : ils réfléchissaient aux conséquences de leurs actes sur sept générations avant de prendre une décision !
Les indiens d'Amérique avaient une façon de prendre leurs décisions en tenant compte non seulement d'eux-mêmes, de leur clan et de leur environnement, mais également des conséquences de ces décisions sur les sept générations à venir.
Muter donc, oui muter. Pour revenir sur Jésus, c’est clair qu’il passait le même message, et a tout autant été incompris de la masse (note 1, j’ajoute que je mets au défi un chrétien de tendre l’autre à quelqu’un qui se moque de lui en public pour voir s’il a pu comprendre la profondeur de cet enseignement). Quant à ceux qui l’ont entendu, les yeux ouverts et les oreilles tendues, ils ont fait de leur mieux ! Idem pour les disciples de Bouddha : auraient-ils souhaités qu’au nom d’illuminé (Bouddha, et bouddhiste ceux qui suivent ce chemin) on nomme un groupe humain capable de persécuter et haïr une minorité (dans notre monde actuel : les Rohingya) ?
Muter mais muter pour quoi ? Aucun moyen de savoir. Muter pour muter est peut-être la seule « volonté » de la vie, s’adapter en tout et pour tout, sans désir d’avoir plus, de laisser moins, mais être à sa place peut être ? Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement, Bouddha et Héraclès étaient d’accord sur ce point
Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement
Changement dans le sens s’adapter pour s’améliorer : physiquement, psychiquement, mentalement, moralement, intellectuellement, socialement.
Muter donc ! Faisons plus de yoga (ou autre exercices corps/esprit qui nous permet de vivre l’unité et accroitre notre conscience de nous en comprenant les mécanismes de l’égo, voir note 2), de méditation, lisons des articles qui renversent nos idées, discutons avec autant des personnes différentes que possible, saluons nos voisins chaque matin ou chaque soir, passons plus de temps dans la nature et moins sur ces choses inertes qu’on appelle appareils, mettons notre énergie dans du bénévolat, luttons pour mettre nos actes en accord avec nos valeurs et idées : consommer le plus de choses locales, recycler plus, ré-utiliser plus, se questionner sur l’usage de nos objets et donner le superficiel, être moins jaloux de notre voisin ou collègue, moins orgueilleux que notre boss ou politicien, mais plus juste que tous réunis, c’est-à-dire révoltés chaque jour contre chaque petite injustice, acte raciste, machistes, mépris ou moquerie qui blesse un autre être humain !
Mutons donc ! Pratiquons (oui c’est une pratique, un entrainement pour s’élever !) tout ce qui peut nous faire sortir de cette stagnation, que nous alimentons à coup de divertissement, consumérisme, recherche du plaisir personnel instantané et non de notre bonheur durable et collectif.
Mutons donc ! Refusons la violence des médias, des écoles, des lieux et personnes qui dénigrent les enfants et les personnes fragiles. Créons plus d’alternatives, rassemblons-nous, engageons-nous, créons la paix, créons le monde que l’on souhaite voir (re)naître ! N’acceptons plus le mobing, le racket, les insultes gratuites, les violences dans les cours de récrées, mais pour cela créons les conditions pour la paix, donnons plus d’amour et d’écoute, soyons créatifs dans nos rapport à nos enfants, à nos parents, à ceux qui sont en difficultés.
Mutons donc : tout est à réinventer ! Ou peut-être que tout va s’écraser, disent les colapsologues (note 3)
Bien sûr que le virus s’adapte, comme tout ce qui vie, et nous vivons aussi.
Ce virus n’est pas là pour le plaisir de tuer des humains, ce n’est qu’une conséquence du fait que nous n’arrivons PAS à nous, nous adapter, à muter. C’est en fait un énième signe que nous devrions prendre pour réagir !
Alors mutons, mais joyeusement, avec beauté et harmonie, ce n’est pas du tout incompatible ! Appliquons-nous à muter, avec force et compréhension aussi, le sourire aux lèvres, confiants en l’avenir.
Note 1 : Or, la réciproque avait joué, et c’est un second ordre de facteurs. La prédication évangélique était essentiellement subversive, l’ensemble des forces du corps social mis en danger par elle s’est retourné de façon à intégrer cette puissance de négation, de mise en question, l’a absorbée en se travestissant lui-même de telle façon que les chrétiens ont pu croire à une mutation de la société. Mais en réalité, c’était une apparence, voilant une persistance de la force d’assimilation d’une société qui voulait persévérer dans l’être. En réalité, les groupes de la société qui ont adhéré massivement au christianisme (élites politiques, sociales, intellectuelles) ont apporté avec elles un rituel social exactement inverse de ce qui était annoncé par Jésus. https://books.openedition.org/pusl/16333?lang=fr
Note 2 : Comme l’ont observé de nombreux chefs spirituels, praticiens et psychologues au fil des ans, l’ego a un besoin incessant d’être vu sous un jour positif, et il détournera avec empressement tout flux de conscience qu’il peut utiliser pour son propre épanouissement. Comme l’a fait remarquer le philosophe indien Sri Aurobindo :
“A chaque instant [the seeker] doit procéder avec un œil vigilant sur les tromperies de l’ego et les embuscades des puissances trompeuses des ténèbres qui se présentent comme l’unique source de Lumière et de Vérité et prendre sur elles un simulacre de formes divines afin de capturer l’âme du chercheur.
De même, dans son livre classique Couper à travers le matérialisme spirituel, a écrit le chef spirituel bouddhiste tibétain Chögyam Trungpa :
“Parcourir correctement le chemin spirituel est un processus très subtil : ce n’est pas quelque chose dans lequel on se lance naïvement. Il existe de nombreux chemins de traverse qui mènent à une version déformée et égocentrique de la spiritualité ; nous pouvons nous tromper en pensant que nous développons la spiritualité alors qu’au contraire nous renforçons notre égocentrisme par des techniques spirituelles”.https://yourtopia.fr/la-science-du-narcissisme-spirituel/
Note 3 : « La collapsologie et le survivalisme [sont] renforcés par la pandémie de Covid-19 », affirmait fin août le journaliste Philippe Reltien sur France Inter. Le coronavirus, qui a entraîné avec lui la mise à l’arrêt de l’économie internationale, serait-il la première étape d’un effondrement généralisé de nos sociétés ? Ou bien, au contraire, une mise en garde salutaire qui éloigne un instant, par la décélération du monde, la possibilité de la catastrophe écologique annoncée ? Difficile de trancher, pour l’heure, entre ces deux analyses.
Une chose est certaine, cependant, affirment Pablo Servigne et Raphaël Stevens, qui viennent de faire paraître un ouvrage collectif, Aux origines de la catastrophe. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? (Les Liens qui Libèrent, 2020) : les méthodes mobilisées par la collapsologie permettent de comprendre les mécanismes communs aux crises écologiques et virales. Interconnexion de plus en plus étroite du système-monde, déforestation et destruction des écosystèmes, sédentarisation des sociétés et développement de l’agriculture, urbanisation de plus en plus intense, séparation étanche de la culture et de la nature, domination de l’homme sur tous les autres vivants : autant de facteurs conjugués à la source du désastre environnemental, qui expliquent aussi l’apparition et la propagation du Covid-19 à grande échelle. https://www.philomag.com/articles/le-covid-19-premier-pas-vers-leffondrement
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